"La première chose qu’il faut faire, c’est prendre soin de votre cerveau. La deuxième est de vous extraire de tout système d’endoctrinement. Il vient alors un moment ou ça devient un réflexe de lire la première page de votre journal en y recensant les mensonges et les distorsions, un réflexe de replacer tout cela dans un cadre rationnel. Pour y arriver, vous devez encore reconnaitre que l’Etat, les corporations, les medias et ainsi de suite, vous considèrent comme un ennemi; vous devez donc apprendre à vous défendre. Si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle." Noam Chomsky.

" Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ". Albert Einstein.

mardi 3 mai 2011

Les rendez-vous manqués de l’économie de la Tunisie 7-Novembriste Par Mohamed Mabrouk, économiste universitaire (Mai 2011).

Email : m_b_r_mabrouk@yahoo.fr


A la mémoire de ceux qui sont tombés pour que cesse le règne du mensonge public.
A la mémoire de Si Mokhtar Latiri, qui a été pour nous autres ingénieurs, un exemple précieux de compétence et de générosité.

Résumé
Afin de contribuer à la réflexion sur la nécessaire réforme de l’économie tunisienne, la présente étude décrit les importants changements qu’a connus l’économie de la Tunisie au cours de l’ère 7-Novembriste. Deux changements profonds ont affecté l’économie tunisienne au cours de cette période : le changement de système économique d’une part et le changement de structure démographique de l’autre. Le changement de système économique consiste en l’adoption du libéralisme et du libre-échangisme. Bien que ce changement a amélioré dans un premier temps l’équilibre économique extérieur et le niveau de vie, la comparaison avec d’autres pays et aussi la dérive du déficit extérieur montre que le pays n’a pas su exploiter l’opportunité offerte par le libre-échangisme. Une opportunité plus décisive a aussi été gâchée : celle offerte par la diminution relative de la population économiquement improductive, c’est-à-dire les enfants et les vieux. Cette opportunité est désignée dans la littérature économique par « le dividende démographique ». Correctement exploité, ce dernier aurait dû permettre au pays de redresser son épargne, d’apurer sa situation extérieure et de capitaliser pour préparer le futur qui devrait voire la part de la population improductive augmenter de nouveau en raison du vieillissement. Deux causes, liées entre elle, ont causé cette incapacité. Il s’agit de la surconsommation de produits de luxe importés et du recul du rôle économique de l’Etat.
Transversalement, les questions suivantes sont abordées : les conséquences de l’accord de libre-échange avec l’Union Européenne, la convertibilité du Dinar, la responsabilité de L’Etat au sujet du déficit courant, le degré de réussite du code d’incitation aux investissements, la possibilité de l’équilibre budgétaire de l’Etat dans le contexte d’une poursuite de la politique libérale 7-Novembriste…
Quelques mesures sont suggérées, parmi lesquelles :
  • Limiter les importations de marchandises futiles pour avoir une balance excédentaire et pour payer la dette.
  • Assujettir la convertibilité courante du Dinar à la condition d’avoir une balance courante positive.
  • Réformer la fiscalité des ménages dans le sens d’une réduction des écarts entre classes sociales et la fiscalité du commerce extérieur, en particulier des importations, dans le sens d’une augmentation des impôts, ce qui fournira des ressources supplémentaires à l’Etat pour jouer un rôle plus grand dans la reconstruction de l’économie. Un objectif de 30-35% du PIB pour le revenu de l’Etat (net de subventions et prestations sociales), au lieu de 20% actuellement, pourrait être envisagé.
  • Améliorer la gestion du revenu de l’Etat par un contrôle rigoureux, transparent et démocratique des marchés publics.
  • Relancer la participation de l’investissement public dans le système productif en fixant des priorités telles que les infrastructures sociales des régions défavorisées, l’autosuffisance agricole, le dessalement de l’eau à usage agricole, le basculement vers les énergies renouvelables et la recherche scientifique appliquée, notamment dans les secteurs de la santé, de l’agriculture, du dessalement et de l’énergie.

Sommaire

  1. Introduction                                                                                 
  2. Le changement de cap de l’économie Tunisienne à l’occasion du
changement du 7 Novembre                                                                
  1. Stratégie des avantages comparatifs ou substitution des importations ? 
                                                                                                         
  2. Le poids du financement extérieur 
  3. Le premier rendez-vous manqué : la dilapidation des gains de l’échange 
  4. Le recul de la place de l’Etat dans l’économie aggrave le déficit d’épargne 
  5. Le deuxième rendez-vous manqué : la dilapidation du dividende
démographique
  1. Les investisseurs privés peuvent-ils nous sortir de la crise?
    1. Précautions aux sujets des fondements moraux de certaines
théories économiques.
    1. Le paradoxe du capitalisme « trop de richesse détruit la richesse » 
       
      - En guise de conclusion
      - Annexe
      - Références