"La première chose qu’il faut faire, c’est prendre soin de votre cerveau. La deuxième est de vous extraire de tout système d’endoctrinement. Il vient alors un moment ou ça devient un réflexe de lire la première page de votre journal en y recensant les mensonges et les distorsions, un réflexe de replacer tout cela dans un cadre rationnel. Pour y arriver, vous devez encore reconnaitre que l’Etat, les corporations, les medias et ainsi de suite, vous considèrent comme un ennemi; vous devez donc apprendre à vous défendre. Si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle." Noam Chomsky.

" Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ". Albert Einstein.

samedi 26 février 2011

Que se passe-t-il? par Marouane Ben Miled, universitaire.

vendredi 25 février 2011, 22:52
-acte 1: les militants gauchistes (pcot, autres?) et ennahdha, parfois directement, parfois par le biais de l'ugtt, partent de questions parfois légitimes (flous quant à l'action du gouvernement, mollesse...), parfois fantaisistes (ce sont les francs-maçons qui dirigent, zaba tire les ficelles...);

-acte 2: ils proposent comme solution la création d'un comité de "protection de la révolution", qui en fait est déjà créé depuis plusieurs semaines. argument massue: c'est démocratique, puisque tout le monde est dans le comité, ce qui va s'avérer faux: de nombreux partis, ong et structures syndicales démentent au fur et à mesure leur accord avec ce comité parce qu'ils jugent ses demandes effarantes;
les protagonistes demandent que le dit comité ait le contrôle des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), mais aussi le contrôle des médias nationaux et encadre le peuple.
ils expliquent gentiment que le gouvernement nous ment, donc il faut le faire tomber et contrôler le prochain; que les députés sont issus de l'ancien régime, donc il faut en élire un autre et le contrôler; que les juges ne vont juger la famille benali-trabelsi que sur des foutaises, donc qu'il faut les contrôler; que les journalistes nous mentent, donc qu'il faut les contrôler et,finalement, que le pauvre peuple est perdu, donc qu'il faut l'encadrer. ils dénigrent également le travail des commissions dont ils disent qu'elles nous mentent: par exemple, on nous explique que la commission des élections a déjà décidé de nous mener vers des présidentielles, alors que la dite commission n'a encore rien décidé du tout (tout cela a débuté au milieu de la semaine dernière et même avant);
toute ces tâches de contrôle reviennent à un unique comité qui comme son nom l'indique, va "protéger" la révolution: comment prendre le pouvoir absolu (dictature) sans même passer par les urnes!;

- acte 3: le gouvernement actuel refusant de reconnaître le dit comité, le peuple va lui donner sa légitimité; on invite tout le monde à une occupation de la kasba, avec plusieurs mots d'ordre unificateurs sur la chute du gouvernement, un système parlementaire, une constituante... et on annonce que tous les gens réunis sont pour le dit comité de protection de la révolution, alors que certains manifestants ne savent même pas ce que c'est; on invite tout le monde à une journée de la colère aujourd'hui vendredi 25 (c'est facile comme slogan, ça rassemble tout le monde) et on pousse tout le monde à la kasba;

- acte 4: dans la nuit, ou même un peu avant, on entraîne les manifestants (une partie suit) vers le ministère de l'intérieur (on sais que c'est un lieux truffé de contre-révolutionnaires, qui plus est, armés), et on grimpe aux grilles et jette même des pierres; les flics se font un plaisir de tirer et la nuit actuelle est une nuit d'affrontements où l'on tire parfois même à l'arme lourde, partout dans le centre ville; les manifestants pleurent en disant "les militaires ne nous protègent pas";

Cette nuit nous en sommes là.
À partir de demain (samedi 26 janvier), voici ce que je suppose:

-acte 5: les manipulateurs vont emmener les manifestants chauffés par les combats de la nuit, au palais de carthage; ils vont essayer de créer les conditions d'un affrontement avec les militaires et la garde présidentielle qui protègent le palais;

- acte final prévu, mais que le peuple saura déjouer, je l'espère: il n'y aura pas d'élection, mais une dictature que se disputeront dans un premier temps petits gauchistes manipulateurs, ennahdha et les ex rcd; les plus corrompus ne seront pas poursuivis (on donnera en pâture des minables); cette dictature pourra aussi être militaire.
un des raisonnements pour nous éloigner des élections (en plus de nous diviser sur la nature des élections à tenir) est de nous entraîner dans le raisonnement suivant: "les élections doivent être organisées par le gouvernement, or nous n'avons pas confiance dans le gouvernement, donc nous devons remplacer/contrôler le gouvernement par une structure qui organisera les élections et nous dira quel système d'élections, ce qui nous amène à nous faire diriger pas une structure qui n'est pas élue et n'a pas plus de légitimité que le gouvernement dont on ne veut pas qu'il organise les élections..."

- acte final à construire par nous qui avons déjà viré zaba: ne pas tomber dans la provocation ni dans les raisonnements fallacieux, ne pas chercher la perfection d'un quelconque gouvernement, mais agir pour aller vers des élections (qu'elles soient législatives, présidentielles ou pour une constituante ne doit pas nous diviser au point de ne pas avoir d'élections du tout!) afin d'obtenir enfin un gouvernement légitime qui pourra fournir au pays un état fort et au peuple un fonctionnement démocratique, ce qui permettra par le jeu politique normal d'améliorer la situation et de prolonger "la révolution" par l'action légale et pacifique.

voilà, il faut expliquer ce genre de trucs à tout le monde, vu qu'un certains nombres ne savent même pas ce que c'est qu'une provocation (ils s'étonnent que les flics leur tirent dessus!!! et en oublient les raisons de leur colère première) et n'imaginent pas que l'on puissent les manipuler en partant de leurs sentiments révolutionnaires.
il faut lancer comme mot d'ordre: nous voulons des élections!

marouane Ben Miled. Universitaire.

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